Le Château des Fables : un joyau du patrimoine français oublié.

Il est huit heures du matin à ma montre. Après une courte nuit, je quitte enfin cet hôtel miteux pour rejoindre la première étape de cette journée urbex : le Château des Fables. La voiture sur le parking est couverte de rosée. La nuit a été fraîche et humide. Je ne m’attarde pas sur la douche froide de six heures et demie, ni sur le petit déjeuner quasi inexistant ! Le soleil se lève timidement commençant à réchauffer l’atmosphère glaciale. Il est temps de prendre la route. La voiture n’a à peine le temps de chauffer que nous arrivons à proximité de l’entrée du château. En regardant par la fenêtre embuée, j’aperçois le long de la nationale, une immense bâtisse surplombant le hameau dans lequel nous nous rendons.

Ouvert aux quatre vents

Aucun mur ne délimite l’enceinte de la propriété. Il est donc très simple de s’infiltrer dans le parc. J’enjambe un muret en briques de quelques centimètres et je me rapproche avec prudence du domaine. L’ambiance est déstabilisante. En effet, au rez-de-chaussée, de nombreuses fenêtres sont ouvertes. De plus, la pelouse que je foule, est entretenue et tondue. Au loin, ma première impression est que le manoir est habité. Puis, en me rapprochant, je comprends rapidement que le lieu est à l’abandon et que je ne suis pas le premier à m’infiltrer dans la demeure.

Abandonné depuis des années

Laissé à l’abandon depuis des années, le château des Fables souffre des allées et venues de visiteurs indélicats. Le domaine a été construit au XVIII^ème siècle sur les ruines d’un château féodal du XIII^ème siècle. Classé monument historique depuis une trentaine d’années, ce lieu devait être réhabilité en restaurant puis en appartements. Néanmoins, ces projets successifs n’ont jamais abouti. Le domaine a sombré dans l’oubli et a été vandalisé au fil des années.

D’ailleurs, dès mon entrée dans le couloir principal, je constate ces dégradations. C’est un véritable carnage ! Le domaine a connu plus de casses humaines que naturelles. Dans les salons du rez-de-chaussée, certains planchers ont été arrachés, les lustres cassés, les peintures tagguées. Les grands miroirs ornant les murs n’ont pas survécu aux visites et ont été brisés en mille morceaux. Dans les salles de bains, aucun lavabo ne tient debout. Pendant quelques instants, je me demande s’il n’y avait pas une rumeur de trésor caché pour saccager autant un lieu et le désosser ainsi…

Un charme à l’italienne

Néanmoins le Château des Fables n’est pas désuet de charme. Dès mon arrivée, en observant l’architecture extérieure de la demeure principale, je remarque tout de suite une ressemblance avec les palais toscans, tant cette belle bâtisse a des allures de villas italiennes. Ce ressenti s’est confirmé ensuite lors de ma visite. En effet, les peintures murales, les tomettes rouges dans les chambres à l’étage, les anges peints sur les poteaux accentuent cette impression. Et puis, il y a cette vieille Fiat 124 verte, piquée de rouilles, toute cabossée, dans une des dépendances. Cela fait beaucoup de rapprochement. Je n’ai pas retrouvé le nom de l’ancien propriétaire mais peut être que c’était une famille italienne.

Pendant que j’immortalise les nombreuses pièces du château, je cherche alors un nom d’emprunt pour vous présenter cette nouvelle série de photographies de lieux oubliés. Cependant, en arrivant dans l’une des chambres à l’étage, je comprends pourquoi beaucoup d’explorateurs urbex l’ont appelé le Château des Fables. La tapisserie qui orne les murs de celle-ci représente des fables de La Fontaine : on y croise le corbeau, le renard, le loup, l’agneau, la cigogne, le lièvre, la tortue sans oublier Perrette et son pot au lait cassé… 

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