Le château des Singes : une légende de l’urbex

Le château des Singes : une légende de l’urbex

Pour ce nouvel article, je vous invite à découvrir ce haut lieu de l’urbex, appelé le château des Singes. J’en profite également pour fêter un anniversaire. En effet, en ce mois de juin 2023, je célèbre mes dix ans d’exploration. Ainsi, je vous propose de m’accompagner dans ce retour aux sources puisque c’est là que tout a commencé, une fin d’après-midi de juin 2013. Pour la première fois, j’ai franchi la porte d’un lieu abandonné et je n’avais pas idée que dix ans plus tard, je serais en train de vous en parler.

Plus visité que certains musées

Longtemps oubliée, cette demeure est l’un des lieux les plus réputés d’Europe dans le milieu de l’urbex. Nombreux sont les photographes qui sont venus immortaliser cette bâtisse normande. Il faut dire que la propriété est remplie de charme. Le château des Singes, c’est le genre d’endroit où ne subsistent quasiment plus de choses matérielles mais où l’atmosphère et l’ambiance suffisent à nous émerveiller. En effet, son architecture et son magnifique escalier en font un lieu hautement photographique.

Niché dans un hameau du Vexin normand

Situé dans le petit bourg de Cahaignes dans le département de l’Eure, le château a été construit au cours du XVIIe siècle. Il est nommé le château des Singes en référence aux décors peints sur les tapisseries présentes dans l’une des pièces. Malheureusement, je n’ai pu retrouver beaucoup d’informations sur son passé. Dans un premier temps, il est habité par la noblesse du canton. Des comtes et comtesses se succèdent au fil des siècles. Puis dans un second temps, au milieu du XXème siècle, la propriété accueille des colonies de vacances. En 1953, il est classé aux monuments historiques malgré un incendie détruisant partiellement une aile du château. Je vous partage quelques cartes postales, libre de droit, que j’ai pu retrouver.

Carte postale de l’intérieur du château de Cahaignes – Salle de la bibliothèque – (carte postale auteur DR)

Je ne retrouve que peu d’informations sur les derniers occupants. Lorsque je regarde quelques articles sur internet, il semblerait que le dernier propriétaire soit un riche industriel. A la fin du XXème siècle, il semble avoir installé ses bureaux dans une des dépendances à côté des écuries. Le château est peu à peu laissé à l’abandon facilitant les infiltrations et l’humidité. Faute de budget, il n’effectue plus de travaux d’entretiens et vit dans une chambre de la bâtisse de manière sommaire avant de finir en maison de repos. La légende raconte que certains badauds seraient tombés sur lui pendant que le château était abandonné. 

Des étoiles plein les yeux

C’est après une journée de travail que j’arrive dans le village de Cahaignes. La tension est à son comble. Aujourd’hui, malgré des centaines de lieux visités, j’ai toujours cette boule au ventre avant de m’infiltrer dans une propriété. Imaginez-vous la première fois ! J’ai l’impression de me rendre à une épreuve du baccalauréat. Vous savez, celle que vous maîtrisez le moins ! Je me demande dans quoi je m’engage et pourquoi je me suis décidé à me lancer dans cette aventure.

L’infiltration se fait pourtant sans encombre. En effet, un énorme passage à côté du portail condamné, permet de rejoindre l’allée principale et de se cacher derrière la végétation luxuriante. La porte de la bâtisse est grande ouverte. En vérité, elle n’existe plus. J’entre directement dans la pièce principale ornée par les anciennes bibliothèques. Dès les premières secondes, je suis subjugué par la beauté du lieu. Certes, les pièces sont vides mais l’architecture du château des Singes est magnifique.

Puis, j’arrive dans le hall majestueux où se dresse l’impressionnant escalier, traversé par la lumière descendante de la fin de journée. J’en ai rarement vu de si beaux au cours de mes dix années d’exploration. Au fond, cachée derrière une porte presque bloquée, je découvre enfin la pièce avec les tapisseries des singes. L’appréhension du début de la visite fait place à l’envie d’immortaliser la magie du lieu.

Des débuts en photographies tumultueux

Je n’avais pas en tête qu’immortaliser des lieux abandonnés était une pratique photographique demandant une technique spécifique. En effet, dans ces endroits sombres, le trépied est primordial afin d’opter pour des temps de pose longs. Néanmoins, photographier avec un pied, cela demande un peu d’entraînement. Il s’avère que je n’en avais pas à cette époque et que cela s’est confirmé lorsque j’ai regardé mes clichés sur mon ordinateur. Rien n’était cadré, tout était de biais.

J’ai eu l’occasion de retourner au château des Singes le 31 décembre 2014. N’ayez crainte, je n’ai pas fêté mon réveillon de la Saint Sylvestre là-bas, mais j’ai réalisé un shooting avec Sabrina, un modèle photo avec qui nous avions échangé. Ce fut ma première et ma seule expérience de shooting photo en exploration urbaine. Je profite de cet article anniversaire pour partager quelques clichés de ce moment.

Un lieu en réhabilitation depuis 2021

Au cours des années et des visites, le domaine s’est dégradé à vue d’œil. Ouvert à tous les vents, en proie aux pillages, le château est devenu le rendez-vous des urbexeurs mais aussi des visiteurs clandestins. Malgré ce passage continu, il a survécu tant bien que mal, et n’a pas fini en cendres.

En 2021, le château des Singes a trouvé son sauveur. Adepte de défis sportifs, c’est le triple champion du monde de roller, Taïg Khris, sportif de l’extrême, notamment connu pour son saut périlleux depuis le premier étage de la tour Eiffel, qui relève le challenge. Avec sa conjointe, il a lui aussi le coup de foudre immédiat lorsqu’il découvre la bâtisse. Il se met alors en action pour redonner une vie à ce patrimoine délaissé. On ne peut que l’encourager et le laisser entreprendre ce chantier colossal.

5 commentaires

Un bel endormi qui j’espère va renaitre grâce à Taïg ! Merci à lui et à son épouse
et à toi pour nous montrer cet endroit magique

Merci pour cet article Florent et tes recherches concernant l’histoire de ce lieu. C’est toujours émouvant de le revoir en images.

Laisser un commentaire