Expédition antarctique : à la découverte du pôle Sud

Expédition antarctique : à la découverte du pôle Sud

J’ai commencé à vous parler de cette exploration urbex et de l’expédition antarctique en 2015 à travers cet article. A l’époque, j’arrive à retrouver quelques informations sur cette expédition antarctique belge mais rien de bien exact. Aujourd’hui, j’en connais davantage puisqu’un ancien membre ayant participé au voyage m’a contacté et m’a communiqué des informations mais aussi des photos d’époque. Alors, installez-vous confortablement, couvrez-vous, nous partons pour un périple entre la Belgique et l’Antarctique.

RETOUR SUR L’EXPLORATION DE 2014

Tout débute dans un petit hangar oublié d’une banlieue belge. Par un contact photographe urbex, j’apprends que des engins ayant participé à une expédition antarctique y sont stockés depuis plus de cinquante ans. Je lui demande alors comment avoir l’autorisation pour les immortaliser. Il m’indique qu’il le visite régulièrement, que la porte est ouverte et qu’il faut juste être discret pour ne pas alerter le voisinage.

Nous arrivons dans ce quartier huppé en fin de matinée. Je suis debout depuis minuit. La fatigue se fait sentir avec plusieurs heures de route dans les jambes. Nous venons de sortir d’une exploration d’un lieu magnifique infiltré à l’aube. L’accès ne semble pourtant pas compliqué, j’ai déjà vu bien pire. Il y a un petit fossé à franchir pour pouvoir rejoindre le terrain de la propriété. Certes, l’environnement est boueux mais la distance reste raisonnable. « Un jeu d’enfant ! » s’exclame un de mes partenaires.

UN ENDROIT MINUSCULE DIFFICILE À IMMORTALISER

Je m’élance pour franchir l’obstacle lorsqu’au moment de me réceptionner, ma chaussure droite n’adhère plus avec le sol. Je glisse donc en arrière et me retrouve les fesses dans la bouillasse. Dans ma chute, j’épargne une bonne partie de mon sac avec le matériel photo mais je comprends que je vais devoir continuer la journée avec un pantalon mouillé et rempli de boue. Une chute digne d’un bêtisier télévisuel tant l’obstacle était facile à franchir. J’excuserai cette absence de lucidité par le manque de calories. C’est d’ailleurs à partir de ce jour que j’ai systématiquement pris un pantalon de rechange dans la voiture.

Nous parvenons à rejoindre la grange. Malgré la porte fermée, nous arrivons à nous faufiler par un petit passage entre deux poutres nous donnant accès au graal. A l’intérieur, tout est serré. L’endroit est minuscule et les engins sont vraiment entassés les uns sur les autres. Il est impossible de faire le tour complet des chasse-neige.

A l’époque lors de mon exploration urbex, à mon grand regret, je n’ai pas d’objectif grand angle pour immortaliser ces véhicules de l’expédition antarctique. Mes cadrages sont très limités, j’ai peu de recul pour intégrer les éléments souhaités. Il est compliqué d’immortaliser ces monstres de mécaniques dans ce hangar étriqué. J’ai également beaucoup de difficultés à poser mon trépied. Néanmoins, je suis comme un enfant dans un magasin de jouets. Je me sens tellement privilégié d’être ici et de pouvoir toucher l’Histoire du bout des doigts

UN LOGO DESSINÉ PAR HERGÉ

Petit à petit, je me détache de mon appareil photo et je profite de l’instant. Ainsi, je me rends compte que je suis chanceux de pouvoir approcher ces trois vieux tuckers Sno-Cat made in USA. Dans la cabine, la peinture, sûrement au plomb, s’écaille. Il reste des autocollants et des morceaux de feuilles de route témoignant de certains voyages passés.

Sur un des engins, un trou sur le flanc montre qu’une pièce a été découpée puis sûrement dérobée. Après coup, je comprends que c’est le logo de l’expédition antarctique.

A la fin du XIXème siècle, Adrien de Gerlache lance la toute première expédition scientifique et internationale en Antarctique. En 1957, dans le cadre de l’Année Géophysique Internationale, son fils Gaston suit les traces de son père et dirige la seconde expédition antarctique belge C’est d’ailleurs à cette époque que la Belgique accompagne huit autres pays et lance la construction de la base Roi Baudouin.

Hergé, alors publiciste chevronné, participe à l’aventure en créant le pavillon et le logo de l’expédition. La boussole dessinée par les Studios Hergé comporte une aiguille placée dans le sens Nord-Sud et une cocarde représentant les trois couleurs du pays. Ce logo est repris également pour l’expédition réalisée en 1966, cette fois, en collaboration avec les Pays-Bas. Il est décliné et illustre des drapeaux, fanions, brassards, papier à lettre…

TROIS SNO-CATS DE L’EXPÉDITION ANTARCTIQUE DE 1966

C’est donc avec le logo des chasses neiges mêlant drapeau néerlandais et belge que je comprends que je suis en présence d’une partie des engins ayant foulé la banquise du pôle Sud en 1966.

En 1961, faute de budget, la base Roi Baudouin ferme ses portes. Gaston de Gerlache et son équipe font alors pression auprès du gouvernement pour que le programme soit maintenu. Ils réussissent à obtenir satisfaction à condition que la Belgique noue des alliances avec d’autres pays pour mener à terme ces expéditions.

En 1964, la Belgique collabore avec les Pays-Bas pour continuer les recherches et les voyages en Antarctique. Lorsque les scientifiques de la première expédition arrivent sur place, la base Roi Baudouin est complètement ensevelie sous la neige. L’équipe construit alors une seconde base à quelques mètres de la première. Les recherches scientifiques peuvent alors continuer. Une deuxième puis une troisième expédition antarctique belgo-néerlandaise sont organisées. En 1967, pour des raisons de budget et de sécurité, la base Roi Baudouin est fermée définitivement.

TÉMOIGNAGE D’UN EXPLORATEUR AYANT PARTICIPÉ À L’EXPLORATION DE 1966.

En 2023, je reçois un mail d’une personne m’indiquant avoir participé à cette exploration. Il m’indique être tombé par hasard sur mon récit urbex de l’expédition antarctique et avoir fortement apprécié mes clichés de ces engins qu’il a côtoyé à l’époque.

Après plusieurs échanges écrits, je découvre que mon interlocuteur est Harmen MEIJER En 1966, ce néerlandais embarque sous les ordres de Tony VAN AUTENBOUR pour une expédition scientifique et biologique en Antarctique. Il rejoint l’équipe d’une vingtaine de personnes et est l’opérateur radio de ce voyage. A l’époque, il a 22 ans. Il devient ensuite enseignant aux beaux-arts puis profite de sa retraite pour s’occuper d’un voilier.

Quelques photographies supplémentaires

Harmen me fait l’honneur de me confier quelques photographies de l’expédition antarctique de 1966. Sur ces clichés, on reconnaît facilement un des trois sno-cats immortalisés en 2014 dans cette grange. Il accepte que je vous les partage à travers cet article, en mémoire de cette période ou le Bénélux était parti à la conquête de la banquise.

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les explorations belges en Antarctique à travers les siècles, je vous invite à consulter ce document qui m’a aidé à documenter ce récit. Harmen reste discret mais je ne désespère pas de l’interviewer afin d’en apprendre davantage sur cette année passée au pôle Sud. La barrière de la langue complique la communication mais j’espère vous présenter prochainement un compte-rendu de cet entretien.

D’ailleurs, si vous aviez l’occasion de lui poser une question, ce serait laquelle ? N’hésitez pas à la mettre en commentaires de l’article. 

1 commentaire

Bravo Florent, beau reportage.
Aussi important que la découverte urbex, connaître l’Histoire de ce que l’on découvre est important. Ici, comme on dit en Normandie, c’est pas rien ! D’autant plus intéressant qu’un membre participant peut toujours témoigner aujourd’hui.
Les 3 « snowcat » (ou au moins 1) ne pourraient-ils pas être sauvés, peut-être remis en marche, et exposés dans un musée ?
Un logo dessiné par Hergé, ça non plus, ça ne s’invente pas !
Et la 404 ?
Un puits de connaissances, cette grange.

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