Plongée dans une ferme abandonnée : quand le temps reste en suspens

Pour cette nouvelle exploration urbex, je vous invite à partir à la découverte d’une ferme abandonnée que j’ai nommée la ferme 14-18. Nichée dans un petit village du Bas Rhin, à quelques mètres de la frontière allemande, cette petite exploitation agricole oubliée depuis des décennies, trône au cœur du village.

Exploration dans l’Est de la France

C’est le second jour de ce périple dans l’Est de la France. La journée commence tôt sous un soleil généreux. Au vu de la chaleur matinale, je n’ai aucun doute, nous sommes bien en été. J’ai tout juste le temps de gober un café et d’avaler une brioche sous-vide, qu’il est temps de sauter dans la voiture pour partir à l’aventure. Le programme est chargé : quatre lieux que nous avons repéré et sélectionné au préalable. Il ne va pas falloir traîner mais les journées estivales offrent une amplitude horaire plus large qu’en hiver. C’est un des avantages d’explorer en été. En fin de matinée, nous avons rendez-vous en Allemagne pour explorer deux hôtels oubliés dans la forêt noire. Promis, vous découvrirez prochainement les articles et les photographies de ces explorations.

Néanmoins, avant de passer de l’autre côté de la frontière, nous avons prévu un arrêt dans cette ferme abandonnée. Le lieu est tout proche de notre hôtel et c’est l’occasion de se mettre en jambes. Nous arrivons sur le parking central du village qui jouxte le terrain de la propriété. Par expérience, je sais que dans ces situations, il faut être furtif pour infiltrer le lieu. En effet, en campagne, dans les petits bourgs, une voiture avec plusieurs personnes, immatriculée dans une autre région, attire rapidement l’attention des résidents. Contrairement aux citadins, les habitants vivant en campagne portent davantage vigilance à leur voisinage. 

C’est parti pour l’aventure.

Nous sortons donc de la voiture et nous dirigeons vers l’entrée de la propriété dans l’optique de trouver une faille pour s’infiltrer. Le long de la route principale, le portillon donnant accès à l’exploitation agricole est grand ouvert. Sans hésiter, nous nous engouffrons dans l’allée envahie par la végétation afin d’être à l’abri des regards. La parcelle n’est pas très étendue. A chaque extrémité, se dresse une habitation. Celle de gauche est plus importante que celle de droite. Puis dans le fond, nous trouvons un hangar en briques et en bois avec une partie du toit écroulé.

Les portes d’entrée et les fenêtres sont grandes ouvertes. Aucun obstacle ne nous empêche de progresser. Je pénètre alors dans la ferme de gauche. Je dois tout de même vous avouer avant de continuer mon récit, qu’à première vue, je n’attends pas grand-chose de ce lieu. Tout semble arraché et j’ai le pressentiment que les adolescents du village ont dû découvrir la ferme abandonnée bien avant moi. Cela ressemble aux nombreuses bâtisses abandonnées que j’ai visité où il ne reste pratiquement plus rien, à part de la paille et quelques outils agricoles.

Le temps s’est arrêté depuis des années.

Cependant, après avoir franchi le seuil de la porte d’entrée, je suis agréablement surpris. En effet, je découvre une demeure complètement figée dans le temps. A l’intérieur, beaucoup d’objets et de meubles sont encore présents. La lumière passe par les fenêtres de la façade et vient éclairer un rez-de-chaussée sombre et bas de plafond. Dans certaines pièces, j’ai du mal à me tenir debout. La hauteur sous plafond ne doit pas dépasser les deux mètres et le tapis de toiles d’araignée m’oblige à baisser la tête. Les pièces sont petites et beaucoup d’entre elles sont en enfilade.

C’est fou comme tout est resté dans son jus ! J’ai l’impression que le temps s’est figé dans les années 60. Le calendrier accroché derrière la porte de la cuisine indique janvier 1978. Celle-ci est équipée d’un énorme poêle qui devait servir à cuisiner et à chauffer la bâtisse. Le confort est rudimentaire : une table, une chaise, un fil à linge traversant la pièce pour le faire sécher. L’arrière-cuisine servait surtout de stockage avec son frigidaire rouillé et ses multiples étagères. A l’intérieur de la ferme, il y a très peu d’appareils ménagers. A part une télévision des années 90, le progrès technique ne semble pas avoir pénétré l’exploitation.

Une ferme abandonnée avec peu de traces de vie

Je trouve peu de souvenirs et d’informations sur les anciens occupants. De vieilles photographies en noir et blanc traînent sur un vaisselier. Celles-ci montrent souvent un soldat pendant la Première Guerre Mondiale. Impossible de savoir s’il s’agit du propriétaire. A l’étage, les pièces sont également exiguës. La chambre principale est meublée de deux lits occupant les deux tiers de la surface. Une autre chambrée attenante accueille un ancien lit d’enfants et un landau.

Le hangar a subi des dégâts à la suite des intempéries. A l’intérieur, deux tracteurs sont garés. Ils ne sont pas de première jeunesse mais ont réussi à traverser les années sans trop rouiller. Dans certains coins, il reste des vélos, des caisses et des outils qui n’ont pas servi depuis des années.

Un rapide détour par la seconde habitation

Voilà maintenant plus d’une heure que je suis plongé dans cette ferme abandonnée. Avant de partir, je décide de passer rapidement dans la seconde habitation. Celle-ci a subi davantage les ravages du temps. En plain-pied et plus petite, la scène de la pièce principale ne dénote pas avec le reste de la visite. Plusieurs questions traversent alors mon esprit. Qui vivait dans ces deux maisons ? Était-ce des familles différentes ? Ou l’homme et la femme qui ne se parlait plus ?

Pourtant en repartant je distingue un numéro sur chacune des habitations. Mais alors, si ce sont deux familles différentes, quelle est la probabilité pour qu’elles soient toutes les deux abandonnées ? Tant de questions auxquelles je n’ai aucune réponse. Mes recherches sur Internet ne m’aideront pas cette fois-ci car je n’ai absolument rien trouvé au sujet de ce lieu. Seul le voisinage ou les anciens du village ont sûrement la réponse à ses questions. Malheureusement, le temps tourne et je dois reprendre la route pour passer outre Rhin.

Si par hasard, vous connaissez la ferme 14-18 et que vous avez des informations, n’hésitez pas à me contacter via la rubrique contact ou sur les réseaux sociaux.