Pour cette nouvelle aventure, je vous invite à vous infiltrer à mes côtés dans un château abandonné. Cet énorme mas, plongé dans la campagne cathare n’est plus habité depuis des années. La visite avait pourtant commencé sereinement avant de se compliquer. Asseyez-vous confortablement dans votre canapé, et partons ensemble explorer ce lieu que j’ai nommé le Manoir de l’Angoisse.
C’est le mois d’août…
Les cigales chantent dans les vignobles de l’arrière-pays cathare. Je suis parti à l’aube et je viens de rejoindre mon binôme dans un petit village du sud de la France. Une brise matinale vient rafraîchir la nuit caniculaire. Ce temps sec et ensoleillé promet une journée d’exploration agréable. Pour commencer, j’ai prévu la visite d’un ancien mas perdu au milieu de champs de vignes. J’ai repéré ce site depuis deux ans sur une carte satellite et un photographe de la région m’a indiqué qu’il a pu entrer sans grande difficulté. Certes, je le connais un peu, il m’a montré deux clichés et m’a conseillé de le visiter rapidement avant que l’endroit soit fermé. C’est pourquoi, je décide de lui faire confiance et commence ma journée d’exploration avec ce château abandonné.
Pour rejoindre le manoir de l’Angoisse, il faut emprunter une route étroite traversant les cultures. En effet, la propriété est isolée, entourée d’arbres et de vignobles. J’avance à pas de velours en priant ne croiser aucun véhicule. Chaque virage peut entraîner un face à face avec un autre automobiliste.
Après une dizaine de kilomètres qui m’ont paru une éternité, j’aperçois enfin le portail rouillé du mas, grand ouvert. J’ai pour habitude de stationner à plusieurs centaines de mètres du lieu que j’explore, à l’abri des regards, pour ne pas attirer l’attention du voisinage. Néanmoins, je constate rapidement qu’ici cela va être impossible. Je décide alors de garer ma voiture le long du mur de la propriété. Côté discrétion, on fait mieux !
Pas une âme à l’horizon.
A première vue, le domaine semble en inactivité depuis des années. Les bâtiments sont fermés, la végétation gagne peu à peu du terrain sur les murs et les terrasses. A côté du portail principal, un volet ne tient plus qu’à un fil. Prêt à tomber, il cache une fenêtre qu’il est censé préserver. Celle-ci est grande ouverte. Nous avons trouvé notre accès pour s’immerger dans la propriété. Puis j’arrive ensuite dans une ancienne grange où sont stockés de vieux meubles.
Je suis d’ailleurs impressionné par le nombre de chaises et de tables que celle-ci renferme. Elle permet d’accéder aux autres pièces de vie du château. Après un rapide coup d’œil du rez-de-chaussée, je monte au premier étage où je découvre une demi-douzaine de chambres en enfilade. Petit à petit, je me familiarise avec les lieux et je commence à réaliser mes photographies. L’angoisse habituelle de l’infiltration fait place à la concentration pour tenter de réaliser de jolis clichés.
Soudain, j’entends un bruit de moteur se rapprocher. En jetant un coup d’œil par la fenêtre, j’aperçois une camionnette s’engouffrer dans le chemin de la propriété et se garer devant un bâtiment à proximité du château. Discrètement, je tente d’observer ce qui se passe à travers la vitre, sans me faire repérer. Un homme est sorti du véhicule et a ouvert un rideau mécanique. J’en déduis alors que le domaine n’est pas si abandonné qu’il puisse y paraître. Dans la foulée, un autre véhicule rejoint le premier. Un échange de marchandises s’effectue. Je comprends alors que des cartons de vin sont entreposés dans le hangar et qu’il sert de stockage. Pour ma part, je continue d’épier les mouvements extérieurs. Après avoir chargé leurs coffres, les deux protagonistes se rapprochent du château.
Les voix se distinguent de plus en plus.
J’identifie de plus en plus distinctement la discussion entre les deux hommes. L’un, qui semble être le propriétaire du manoir de l’Angoisse, est agacé. « Ça fait trois fois que je referme ce volet. Mais toutes les semaines, je le retrouve ouvert. Il y a du monde qui rentre régulièrement. Si j’en attrape un, il va passer un sale quart d’heure. Au début du mois, je me suis fait voler un VTT. Je vais refermer tout ça et plus personne ne pourra rentrer ». Un bruit de verrou résonne. La discussion continue et je me rends compte que les interlocuteurs sont maintenant au rez-de-chaussée. Je croise le regard de mon binôme et en quelques signes, nous décidons de nous cacher.
Cachons nous !
Dans cette situation, deux solutions s’offrent à nous. La première est de se camoufler, en restant à l’étage, en espérant ne pas être découvert. C’est du quitte ou double, une chance de passer à travers les mailles du filet et une chance de se faire repérer. Bien évidemment, vous imaginez la surprise et la colère du propriétaire lorsqu’on se fait attraper. La seconde est de se montrer, en indiquant notre présence. L’issue est semblable mais on peut éviter l’effet de surprise.
En tentant de ne pas faire craquer le parquet, ni de faire grincer une porte, je me faufile dans un placard. Je me recroqueville sur moi-même et j’attends que les deux protagonistes s’éloignent. Le temps semble long. Je regarde mon téléphone, vérifie qu’il est bien en mode silencieux.
Déjà une petite heure que nous sommes coincés ici. Je ne perçois pas l’ensemble des échanges mais les voix semblent s’éloigner. Dans la foulée, la porte d’entrée claque. Un véhicule quitte le domaine. Immédiatement, je me dis que son conducteur va apercevoir le mien et qu’on va vite nous découvrir. Petit à petit, tout semble se calmer. J’entends quelques coups de marteau, on semble déplacer des pierres ou des planches. Puis le second véhicule démarre et le silence revient peu à peu. Je prie à nouveau pour ne pas l’entendre revenir à la découverte de ma voiture.
Les minutes passent et l’agitation s’est calmée.
Il est temps de sortir de nos cachettes. Nous reprenons nos esprits et comprenons que nous l’avons échappé de peu. Mon binôme m’indique que les bruits que nous avons entendus proviennent de la fermeture de l’accès par lequel nous sommes entrés. Pour ma part, j’ai en tête que ces personnes ont probablement aperçu mon véhicule et qu’ils sont peut-être partis prévenir la police ou qu’ils nous attendent à l’extérieur. Comme un accord, nous décidons de nous accorder une heure pour continuer nos clichés. Cela nous permettra également de voir comment la situation évolue. Je tente de me concentrer à nouveau et je reprends mon matériel photo en main.
La sérénité revient lentement.
La pièce principale du manoir de l’Angoisse est magnifique. J’adore la salle à manger, les meubles massifs et rustiques, les assiettes décoratives accrochées au plafond. A l’étage, la qualité de l’ancien mobilier m’impressionne. En effet, en parcourant les chambres, je découvre d’imposants lits, de magnifiques chevets. Après une heure, nous décidons de nous exfiltrer. Je range mon matériel et reprend le chemin du retour quand tout d’un coup, je constate que l’accès par lequel nous sommes rentrés, a été refermé. C’était donc ça les coups de marteau ! Le volet a été cloué à la fenêtre. Un rapide tour de la bâtisse me permet de constater que toutes les autres fenêtres sont accompagnées de barreaux.
Nous sommes bloqués à l’intérieur, c’est une situation inédite pour ma part. J’imagine alors de m’extraire de ce piège, en escaladant le portail. Cependant, il mesure plus de 5 mètres de haut et est pratiquement impossible à franchir. Je pousse alors le volet et je me rends compte que celui-ci cède dès la première tentative. Je franchis la fenêtre et pousse un ouf de soulagement. Enfin sorti de ce piège ! Je cours à la voiture. Elle n’a pas bougé et je me dis qu’elle n’a pas dû être vue. Je saisis un marteau dans le coffre, retourne sceller le volet par lequel je suis sorti sans oublier de déguerpir en me disant que je l’ai échappé belle. Sans aucun doute, après quelques minutes de route, je sais que je nommerais cette exploration : le Manoir de l’Angoisse.
N’hésitez pas à me suivre au quotidien à travers ma page Instagram mais aussi à partager mon travail. A très vite pour de nouvelles aventures.
C est courageux ce que tu fais Florent ! En plus d être surtout, curieux, aventureux….. J aime bcp, j aimerai tellement faire ce genre d experience, j ai au fond de moi suffisamment de nostalgie et d amour pour ces lieux anciens qui ratontent des histoires. Tes photos les expriment de belle façon. Merci. Isabelle.
Incroyable ce Manoir de l’angoisse !
Comment peut on laisser un endroit comme celui là à l’abandon ? On a l’impression que les habitants sont partis en catastrophe en laissant tout en plan.
Merci pour l’aventure et les photos.
A vrai dire, il n’est pas vraiment à l’abandon. Plutôt tombé dans l’oubli.
Superbe ✨ et captivant à souhait. Hâte de lire les prochaines aventures. Je m’abonne tout de suite à la newletter
Oh merci beaucoup Cynthia !